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Nouvelle Calédonie : les protestants au service du dialogue

Communiqué de Presse Nouvelle-Calédonie
Communiqué de presse :
Nouvelle-Calédonie : les protestants au service du dialogue

Le 21 mai 2024,

Le processus des Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) qui devait aboutir à trois référendums d’autodétermination est aujourd’hui en panne. Les dévastatrices émeutes que connait la Nouvelle-Calédonie atteste que la jeunesse kanake n’a pas trouvé la promesse sociale de la République, ni celles des autorités locales.
Le protestantisme français se souvient du rôle déterminant des Églises, et notamment de la Fédération protestante de France (FPF), dans la mission de dialogue et de réconciliation qui a permis de mettre un terme à la violence des années 80. Conscient des liens de communion qui unissent les protestants français à la nouvelle Calédonie, le président de la FPF a adressé un message de fraternité et de solidarité au président de l’Église protestante Kanaky Nouvelle-Calédonie.
Par ailleurs, le pasteur Christian Krieger, a proposé aux autorités françaises les services de la Fédération protestante de France pour participer à toute opération visant à apaiser les tensions, à renouer avec le dialogue entre indépendantistes et loyalistes, et œuvrer de concert avec les Églises locales à la guérison des mémoires blessées.
A l’occasion de la fête de Pentecôte, les Églises historiques catholique et protestante de Nouvelle Calédonie ont adressé un message commun à tous les chrétiens du « caillou », les appelant à mettre un terme à la violence, et exhortant les élus à mobiliser tous les moyens à leur disposition pour renouer avec le dialogue et œuvrer à une solution politique en vue d’un « avenir partagé de paix et de concorde, de fraternité perdue et retrouvée » (cf déclaration commune ci dessous).
Au moment où le Président de la République se rend en Nouvelle Calédonie pour renouer avec le dialogue, et au regard des postures ravivées, la Fédération protestante de France appelle l’État français à renouer avec un esprit d’écoute et un positionnement plus neutre afin de favoriser la reprise d’un dialogue respectueux et le dépassement des blessures des uns et des autres.

Les protestants de toute la France s’associent à la douleur des habitants de Nouvelle-Calédonie durant ces temps troublés et se joignent à leurs prières pour un retour de la paix.

Pasteur Christian Krieger,
Président de la Fédération protestante de France

Déclaration commune des Églises historiques de Nouvelle-Calédonie, catholique et protestantes*

le 16 mai 2024,

Après les heures dramatiques que vient de traverser notre pays depuis le début de la semaine, les désastres innommables, incalculables, qui se sont déroulés et se déroulent encore sous nos yeux, avec ces vies enlevées, les chrétiens que nous sommes ne peuvent rester les muets spectateurs inactifs de la tourmente cyclonique qui nous frappe en ce moment.

Il nous faut apporter notre pierre pour donner une chance à la paix. Protestants, Catholiques, Chrétiens, nous avons tous été baptisés, plongés, immergés en un même baptême. Il nous a donné à tous la même vie divine, une commune identité, le même ADN chrétien. Nous sommes tous fils et filles du même Père. Partageant la même filiation. Nous sommes tous frères de Jésus-Christ dont nous formons le corps. Par nos divisions et nos rejets multiformes, nous avons trahi notre foi. Nous avons trahi notre baptême. Nous avons trahi Jésus-Christ.

L’Évangile apporté sur cette terre, sans aucun esprit de conquête, a été progressivement accueilli et adopté comme élément même d’identité, au même titre que le pilier de la coutume. Ces extrémités de la terre vers lesquelles Jésus avait envoyé ses disciples, n’ont pu être atteintes qu’à cause, ou plutôt grâce à cette irruption inimaginable que fut la Pentecôte. Ce don de l’Esprit-Saint : ce Dieu agissant désormais avec les hommes, par les hommes. La conséquence fut immédiate : alors qu’ils étaient tous étrangers les uns pour les autres, tous entendaient, comprenaient la seule langue véritablement universelle, la langue de Dieu, la langue de l’amour, la langue de notre éternité. Malgré toutes leurs diversités et leurs incommunicabilités, ils devenaient Un en comprenant, partageant, adoptant unanimement la même annonce de la Bonne Nouvelle. Cette Pentecôte brisait à jamais la malédiction de Babel : l’impossibilité infligée aux hommes de pouvoir s’entendre.

Ce dimanche nous célébrons la Pentecôte. C’est un signe du ciel qui nous est envoyé pour enrayer le processus mortel qui s’est enclenché sans que plus personne, sauf les armes, ne puissent l’arrêter. Seuls le Ciel et l’Esprit-Saint peuvent nous aider à trouver les mots du chemin de la fraternité et de la paix. Tel est notre devoir de chrétiens qui s’impose à nous sous peine de trahison. Nous ne pouvons plus nous taire et nous rendre complices du Mal qui, telles les éruptions ravageantes d’un volcan, se met à régner partout en répandant le désastre et la misère. L’île la plus proche du paradis est devenue l’île la plus proche de l’enfer. Tant de propos politiques sont disqualifiés. Ils ne sont plus audibles, crédibles. Il ne reste que l’autorité de l’Évangile, celle que nos aïeux, grands-pères et pères, ont adoptée et qu’ils nous ont léguée pour en faire le code de notre vie sur terre, la règle d’or pour bâtir cette terre en nation chrétienne, anticipation du Royaume du Père.

Posons un signe fort pour dire NON à la violence qui n’engendrera qu’un surcroît de violence, de malheur et de larmes. Lançons un vigoureux appel à l’arrêt des violences. Exigeons de nos élus une obligation de résultats pour un avenir partagé de paix et de concorde, de fraternité perdue et retrouvée.

Puisons dans la prière à l’Esprit-Saint la force de croire en la puissance de l’amour pour briser celles de la violence et de la haine pour que vivent enfin et pour toujours la fraternité, la concorde et la paix sur cette terre où nous vivons tous.

*Texte commun adopté par les responsables des Églises Historiques de Nouvelle-Calédonie.

Retrouvez le rapport de Gilles Vidal, maitre de conférences à l’Institut protestant de théologie à Montpellier. Nouvelle-Calédonie : comment en est-on arrivé là ?

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