C’est avec stupeur et consternation que la Fédération protestante de France a pris connaissance de plusieurs articles de médias nationaux attaquant l’association la Cimade. L’argumentaire développé contre la Cimade et le soutien que cette association, membre de la Fédération protestante de France, apporte aux réfugiés pour faire valoir leurs droits est injuste, trompeur et insidieux.
La FPF a envoyé des courriers spécifiques à chaque rédaction en rappelant les trois points fondamentaux de la société française ci-après.
1) L’accès au droit, de même que le droit à la défense, est un principe fondamental des droits humains. Pour faire valoir leurs droits, les demandeurs d’asile en France ont besoin du soutien des associations. S’agissant de femmes et d’hommes souvent désorientés par le déracinement, fragilisés par le périple de leur exil, ne maitrisant pas la langue française, ignorant le cadre légal et ses contraintes administratives, l’exercice de leurs droits suppose l’action d’associations comme la Cimade.
2) C’est le droit et la mission de la Cimade de participer au débat public. Le ministre de l’Intérieur, dans une récente interview a souligné qu’il est« normal, que dans les lieux de rétention qui sont difficiles, il y ait des gens en dehors de la police qui soient là pour aider, y compris juridiquement. » Que l’État finance cette mission par l’argent public est précisément un moyen d’assurer l’accès au droit.
3) On reproche à la Cimade d’avoir en 2014 défendu avec d’autres la cause d’une famille originaire d’lngouchie (République voisine de la Tchétchénie) expulsable, dont l’un des membres, Mohammed Mogouchkov, s’avère en 2023 être l’auteur des coups de couteau mortels à Arras. Peut-on reprocher à l’avocat la décision de la justice ? Si l’autorité administrative en 2014 a fait droit à la plaidoirie de la Cimade, c’est précisément parce que cette famille était bien intégrée et ses enfants scolarisés. Imaginer l’expulsion systématique d’un groupe de personnes en raison de leurs origines, de leur identité culturelle ou religieuse, c’est essentialiser ce groupe.
La situation des réfugiés est complexe et nécessite une réflexion approfondie ainsi qu’un respect scrupuleux de la loi et des droits fondamentaux.
La voie vers une paix durable, notamment pour Israël et la Palestine qui aujourd’hui semble inaccessible tant la situation est complexe, dépendra du renforcement des positions modérées.
La Fédération protestante de France nous encourage tous à aborder ces questions d’une extrême sensibilité en rendant justice à leur complexité et de manière à promouvoir un débat constructif.
Pasteur Christian Krieger,
Président de la Fédération protestante de France