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Comme annoncé dans son communiqué de presse, jeudi 10 mars les représentants de la Conférence des Evêques de France (CEF, catholiques) et de la Fédération protestante de France (FPF) ont interpellé jeudi le patriarche de Moscou Kirill, dans des courriers apportés en main propre au clergé de la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte-Trinité à Paris.
Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, et François Clavairoly, président de la FPF, ont remis deux courriers dans lesquels ils s’adressent au patriarche de Moscou Kirill, ont-ils fait savoir à la presse. Ils devaient initialement rencontrer Maxime Politov, curé de cette cathédrale, mais ce dernier a“ refusé de les recevoir” et les lettres ont finalement été remises à un prêtre de l’église, a précisé la FPF à l’AFP.
Avec ses cinq bulbes dorés, la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte-Trinité à Paris, dont la construction a été financée par la Fédération de Russie, inaugurée avec faste en 2016 en présence du patriarche Kirill, est le centre de l’Exarchat (circonscription) d’Europe occidentale du patriarcat de Moscou.
La démarche de la CEF et de la FPF se voulait avant tout une “interpellation du patriarche de Moscou” sur “l’importance du sens de sa responsabilité dans ce conflit”, avaient souligné les deux organisations dans un communiqué commun.
Dans sa lettre adressée “au patriarche de Moscou” et transmise à l’AFP, M. Clavairoly le prie de “prendre la parole”, eu égard à sa « responsabilité spirituelle“, “auprès de ceux qui peuvent l’entendre, dans l’Église et dans [son] pays”. Soulignant que “la guerre ne peut en aucun cas être justifiée par l’évangile de Jésus-Christ”, le pasteur attend du patriarche “une voix prophétique pour que la Russie ne soit pas un pays de terreur (…) à l’égard de ses voisins”.
De son côté, dans sa missive, qu’il n’a pas souhaité rendre publique, Eric de Moulins-Beaufort entend le sensibiliser, “fraternellement, sur le rôle historique qu’il peut jouer”, a-t-il indiqué à l’AFP. “L’Eglise chrétienne ne devrait être que pour travailler pour la paix” et “non pas pour encourager la guerre”.
“L’ histoire et la foi chrétienne nous apprennent qu’on ne peut pas transformer la guerre entre deux identités politiques en guerre entre le bien et le mal”, a-t-il encore affirmé. Le patriarche Kirill, chef de la puissante Église orthodoxe russe depuis 2009, soutient depuis le début l’intervention russe. Il a qualifié les opposants à Moscou en Ukraine de “forces du mal” qui veulent briser l’unité historique entre les deux pays.
Les orthodoxes en Ukraine sont divisés. Une partie (la majeure partie des fidèles) se revendique de l’Église orthodoxe indépendante (“autocéphale”) d’Ukraine, reconnue comme telle en 2018 par le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople, le plus prestigieux dignitaire des Églises orthodoxes. Une autre est fidèle au Patriarcat de Moscou; pour autant, plusieurs membres du clergé sous tutelle russe ont pris leurs distances avec Moscou ces derniers jours dans le pays.
Dépêche AFP
©FPFCom.Aude Millet
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